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Une interview écrite par Kerryn Ramsey, dans le magazine Looks, et qui nous fait remonter en 1990....

Qu'est-ce qui comptait le plus chez George Michael ? Sa musique ? Son argent ? Sa nouvelle biographie ? Non, c'était son ego !

Dire que George Michael avait un ego solide serait un euphémisme. Certains sont allés jusqu'à le qualifier d'égocentrique. Et George était bien le dernier à le nier.

-  GM  -  "  J'ai l'impression d'avoir passé les six dernières années de ma vie professionnelle à faire de mon mieux pour convaincre le monde que j'étais l'égocentrique le plus arrogant et le plus narcissique qui ait jamais existé... Je dois dire que ça a été facile. Le plus difficile était de les convaincre que je plaisantais. "

Ah, c'était un peu drôle. Mais que le monde comprenne ou non la blague, c'est George qui rit le dernier. Il sortait son deuxième album solo : " Listen Without Préjudice ", et une biographie  " Bare ".  qui sont devenus tous deux des best-sellers.

Et quand viendra le temps de la remise des prix, et que George remontera sur le podium, il ne sera pas celui qui dira : " Mon Dieu, je n'aurais jamais pensé que ça pourrait m'arriver ! "  Il savait que ça pouvait arriver, il avait tout planifié dans les moindres détails.

-  GM  -  "  Je ne pense pas que la façon dont j'ai planifié ma carrière soit plus méticuleuse que la plupart des planifications, je pense simplement qu'elle est plus correcte. Je pense qu'initialement, si ça marche si bien, c'est parce que je sors une musique de qualité constante. J'y accorde beaucoup d'importance. C'est la chose la plus importante de ma vie et je m'y consacre avec passion. Les choses que je fais pour que ma musique soit entendue partout sont plus une corvée, comme faire des vidéos et des interviews "

George a essuyé de vives critiques pour son image et sa personnalité d'amoureux des clubs à l'époque de Wham!

-  GM  -  "  On me traitait d'enfant et de désinvolte à l'époque, et maintenant on me dit que je me prends trop au sérieux. Tu as juste envie de dire : va te faire foutre". C'était avant, et tu ne m'appreciais pas à l'époque et tu ne m'apprecieras pas tant que tout ça n'aura pas disparu. Alors pourquoi devrais-je m'en soucier ? "

Les critiques ne sont pas quelque chose qui atteint George Michael de nos jours.

-  GM  -  "  J'apprécie beaucoup les critiques constructives, mais je n'en reçois pas souvent. En général, elles sont acerbes, mais j'y suis habitué."

Une grande partie des critiques ont été étouffées par le premier album solo de George,  " Faith " et la tournée mondiale qui l'accompagnait.

Mais les concerts ne sont pas aussi faciles pour George qu'il le laisse paraître.

-  GM  -  "  Je suis très nerveux avant de monter sur scène, et je pense que ça me permet de me montrer à la hauteur. Mais il m'est arrivé à quelques reprises de manquer d'énergie ou de rencontrer un problème personnel, et je me suis vraiment demandé : " Pourquoi est-ce que je fais ça ? "  

Mais c'est le cas. Lors d'une tournée de George Michael, tout de la scénographie au pris des billets en passant par les T-Shirts vendus à l'extérieur, est le fruit de l'implication personnelle de George.

-  GM  -  "  J'ai un manager, mais il a toujours été le même que mes collègues. Ils reviennent toujours vers moi pour prendre les décisions finales. Et c'est comme ça que je veux que les choses se passent. "

George admet que la perspective de passer huit ou neuf mois sur la route lors d'une tournée mondiale est intimidante.

-  GM  -  "  C'est un véritable cauchemar pour moi. J' essaie de ne pas y penser. Mais quelle que soit la promotion qu'on peut faire à travers le monde grâce aux vidéos, il faut quand même faire ses preuves en direct. Il faut être vu comme un grand artiste pour entrer dans l'histoire."

Est-ce juste une pointe d'égo qui refait surface?

-  GM  -  "  Je crois que j'ai toujours eu une grande confiance en moi. Enfin, pas toujours, probablement depuis cinq ou six ans. J'ai une grande confiance en moi en tant que professionnel. Mais je pense que ma confiance en moi en dehors de ma carrière est assez similaire à celle de la plupart des gens. J'ai les mêmes faiblesses, les mêmes insécurités, etc... Peut-être que je les dissimule mieux."

A suivre......

Deuxieme partie et fin de l'interview !!

-  Reflétant les évènements de 1984, il est en concurrence avec Band Aid40...

-  Shirlie  -  "  Quand j'ai vu que Band Aid avait réalisé un documentaire, je me suis dit : " Oh non !"... C'est drôle. C'est une histoire qui se répète, mais quelque que soit la chanson qui arrive au numéro un, c'est gagnant-gagnant. "

-  George aurait-il voulu remporter le numéro un de Noël deux années de suite ?

-  Pepsi  -   "Bien sûr il le ferait ! Il devait toujours être le numéro un. "

( Soudain, l'écran de Pepsi devient noir et des feux d'artifice animés scintillent en arrière-plan)

-  Pepsi  -  "  C'est un signe! C'était George "

-  Shirlie  -  "  Je vous le dis, il est toujours là. Il y a plein de signes de sa part ! "

-  De nombreux artistes, dont Beyoncé, Blossoms et Jimmy Eat World, ont repris " Last Christmas"

-  Shirlie  -  "  Mais personne ne le fait comme George! Je les écoute tous et je pense que personne ne fait ça comme lui. Je ne suis jamais impressionné. Je pense juste que non, laisse tomber. Il y a eu des moments où nous (Pepsi et Shirlie) avons pensé à la chanter et avons ensuite réalisé" : " N'y pensez même pas ".

-  Comment fait-il sentir sa présence ?

-  Shirlie  -  "  L'année dernière à la même époque, j'ai rendu visite à une médium et elle a parlé de George, mais pas de manière évidente. Elle m'a dit : " Vous aviez un ami qui est décédé mais il veut vous dire qu'il sera avec vous dans les montagnes "... Je ne comprenais pas de quoi elle parlait parce que je ne fais pas de ski. Puis, en février de cette année, nous avons reçu un appel nous annonçant que nous allions à Saas-Fee. Quand je racontais cette histoire à tout le monde dans les montagnes, tous ces arbres de Noël se sont soudainement renversés comme un effet domino. Et je sais que George était là. "

-  Pepsi  -  "  Et maintenant, il nous montre qu'il est là avec des paillettes ! "

-  Des grands groupes pop d'aujourd'hui pourraient-ils écrire un classique intemporel de Noël ?

-  Pepsi  -  "  Avec les chants de Noël, il s'agit de ne pas être gêné. Vous avez besoin d'un peu de fromage, de paillettes et de guirlandes, et de faire preuve de prudence. Je pense que de nombreux artistes sont trop conscients de leur apparence ou de leur perception. Ce qu'il y a de bien dans " Last Christmas", c'est qu'il est basé sur une véritable amitié, qui génère cette nostalgie chaleureuse. "

En 2004, revenu de tout, George Michael , sortait ses griffes et un nouveau CD " Patience " subtil et engagé.

Alors que paraît le bien nommé " Patience ",  son premier album de chansons originales depuis huit ans, George Michael est survolté.

-  GM  -  "  Il y a deux ans, j'avais besoin de canaliser ma colère dans mes chansons, comme ces deux singles " engagés", Freek! et Shoot the Dog.... Mais à présent, ça va mieux, 2003 fut la première bonne année que j'ai connue depuis dix ans. "

Sûr que depuis tout ce temps, George Michael n'a pas vraiment été épargné" En 1993, celui qui venait de battre des records de vente avec ses deux premiers albums solo, s'est engagé dans une lutte juridique contre sa maison de disques Sony.

-  GM  -  "  En réalité, je me battais pour moi et tous les autres artistes. Et je reste persuadé que c'est pour cela que j'ai perdu. La trop puissante industrie du disque ne pouvait laisser passer un tel précédent. "

En 1996, il triomphait à nouveau avec " Older ", superbe album chantant la douleur et le deuil, dédié à Anselmo... En 1998, à peine remis de la perte de sa mère, il devient le héros malheureux de ce qu'il appelera lui-même le plus médiatique " Outing " de l'histoire. Hormis le single " Outside " ( dont le propos et le clip font clairement allusion à l'affaire de Los Angeles, et une belle reprise du " As " de Stevie Wonder, en duo avec Mary J.Blige, George Michael se limitera à la publication en 2000 d'un dispensable album de reprises de standards de la pop " Songs from the last century.

-  GM  -  "  L'affaire de L.A. a servi à détruire le peu d'illusions que je me faisais encore sur ce métier. Très peu d'artistes m'ont soutenu et aucun d'entre eux publiquement. Finalement, ça m'a été bénéfique. Car j'ai enfin assumé ma différence. Pas sexuelle, ça faisait longtemps que je la vivais bien. Non, quand je parle de différence, c'est celle que je ressentais depuis mon enfance, à l'école, à cause de mon nom imprononçable ( Georgios Kyriacos Panayiotou); de ma trop grande taille, de mon corps maladroit.... Je me sentais exclu et voulais absolument m'intégrer, tout en rêvant de devenir célèbre pour qu'on m'admire. J'ai passé beaucoup de temps à ne pas dire ce que je pensais, ne me sentant jamais à l'aise, ni avec les hétéros, ni dans le milieu gay, ni dans le show-biz. Grâce à ma mésaventure, je me suis rendu compte que, au fond, ma différence était ma principale qualité. 

George Michael aimait vivre à l'écart du star-system.

-  GM  -  "  Je crois que la seule célébrité que je fréquente de près c'est le piano blanc de John Lennon! "

C'est sur cet instrument légendaire que George a écrit une grande partie de  " Patience ", qu'il définit comme plus généreux que " Older ".

-  GM  -  "  Older n'était pas égoïste mais introspectif. Cette fois, plutôt que de me lamenter, j'ai eu envie de partager mon expérience. Je tenais aussi à ce que ce soit un disque pop irrésistible : de son succès dépend ma liberté future. "

L'objectif n'est pas loin d'être atteint. Ainsi en témoigne la ballade " Through " ( Rien ne doit vous contraindre, seuls les imbéciles acceptent de se laisser mettre en cage )  ou " Round Here ", qui évoque sa culture, ses origines, son rapport à l'Angleterre, pays d'adoption de son père immigré.

George Michael avait d'autres bêtes noires. La banalisation et l'omniprésence de la pornographie auprès des jeunes notamment, sujet de la chanson et clip à polémique " Freek!" 

-  GM  -  "  L'idée que les enfants soient mis continuellement en présence d'images de sexe sans âme, ni émotion, me révulse. Avec le câble, et en particulier les chaînes de Rupert Murdoch, en Angleterre, les gamins sont bombardés d'images extrêmes dès 22h30. Que leur reste-t-il comme illusions ? Je refuse la censure mais je suis horrifié par l'absence de responsabilités des adultes, des programmateurs comme des parents, dans cette affaire. Mais c'est difficile de faire passer un tel message aujourd'hui sans passer pour un puritain réac !..."

Et n'allez pas croire qu'il voit d'un bon oeil la déferlante des émissions de télé-réalité type " Star Académy ". Contrairement à ses collègues du gotha pop international ( Sting, Phil Collins, Elton John ) il y brille par son absence !

-  GM  -  "  Comment pourrais-je cautionner cette cynique exploitation du rêve de tous ces jeunes gens ? Je n'ai rien contre les participants, mais je déteste cette mentalité des gens de télé qui les manipulent, se servent d'eux. J'ai eu la chance de démarrer il y a vingt ans. Au début des années 80, l'effet salvateur du punk régnait encore dans les maisons de disques.  Elles en avaient compris la leçon : le meilleur moyen de faire de l'argent était encore de faire confiance aux gamins, de les laisser s'exprimer. Avoir des idées, être exigeant était perçu comme un gage de qualité. A 19 ans, j'étais auteur-compositeur, et confiant, conquérant ! Ma maison de disques disait : " Bingo! On a trouvé la perle rare. Mais cette époque est finie. Qui sait, si aujourd'hui, je n'en serais pas réduit à faire la queue avec tous les autres ? "

George Michael , star rebelle, en veut aussi à Robbie Williams, l'idole rescapée du boys band Take That, qu'il connaît bien. Car s'il lui reconnaît un talent d'immense showman, il regrette que la musique ne soit pour lui qu'un moyen comme un autre d'assouvir de vains rêves de gloire et de puissance. Et, surtout, il lui reproche sa vénalité.

-  GM  -  "  J'ai sacrifié deux ans de ma vie pour tenter d'améliorer le sort des artistes, et lui, en signant son contrat multimillionnaire avec EMI, a scié la branche pour tous ceux qui arrivent derrière. Je me suis battu pour réduire la marge des bénéfices que font les maisons de disques sur le dos des musiciens, et il a tout fichu en l'air en leur laissant augnmetner leurs parts."

Quand au cas, épineux, de Michael Jackson, George ne peut que déplorer la tragédie .

-  GM  -  "  S'il est coupable, il est impardonnable, au même titre que n'importe quel autre pédophile. Mais si jamais il est innocent, alors c'est vraiment affreux.Qui pourrait vivre injustement accusé de la sorte pendant si longtemps? Le problème de Michael Kackson, c'est que ça fait un moment qu'il n'est plus parmi nous, qu'il vit cloîtré dans son monde. "

La cage, l'angoisse de se laisser enfermer, c'est l'obsession de George Michael, Et la raison pour laquelle, petit à petit, il s'est éloigné de tous les pièges de la célébrité rock, les tournées, la promotion constante, ces fêtes où l'on croise toujours les mêmes personnes. Tous ces moments qui vous déconnectent de la réalité finissent par menacer l'inspiration.

-  GM  -  "  J'ai longtemps cru que c'était une fatalité, que tous les compositeurs étaient condamnés à donner le meilleur d'eux-mêmes très tôt, pour ensuite se dessécher. Mais c'est faux. On ne perd jamais son talent, on perd juste le contact avec lui en se laissant emprisonner dans un monde factice. Je reste sain et créatif parce que je me suis arrangé pour avoir de moins en moins à jouer le rôle de George Michael. Pour être simplement, la plupart du temps, moi-même. "